Chrystal

YZ, un pseudonyme étrange, mais pas si inhabituel que ça dans un pays où d'autres artistes connus se font appeler JR ou C215. Ce ne sont pourtant pas ses initiales qu'utilise l'artiste Yseult Digan, mais une forme abrégée qui, phonétiquement, doit rappeler "Eyes" - les yeux - et donc aussi le premier grand projet de street art de Digan. Sous le titre Open your Eyes, elle a peint et affiché un visage iconique surdimensionné en ombres chinoises sur les murs de Paris. Les lieux où ces œuvres étaient placées, marqués sur le plan de la ville et reliés par des lignes, donnaient à nouveau le même motif. Aujourd'hui, YZ a laissé derrière elle la forme frappante de la campagne et a porté son attention sur une peinture d'apparence classique. Dans des tons gris dégradés ou noirs à transparents, comme dans un dessin au fusain, elle transpose de manière réaliste des motifs photographiques historiques sur du papier d'emballage. YZ tapisse ces images dans l'espace public, où elles commencent à se fondre en symbiose avec les structures murales. Des femmes d'un autre siècle, comme l'indique le titre d'un de ses groupes d'œuvres, s'y présentent à nous, spectateurs d'aujourd'hui. "L'un des aspects les plus importants du street art est l'idée que les surfaces utilisées sont également intéressantes en tant que telles. Elles fournissent des structures et des textures qui sont intégrées dans les œuvres comme un niveau de signification supplémentaire. Leur reproduction peut ainsi faire partie d'un travail de galerie", a déclaré le critique britannique Cedar Lewisohn.

Robert Kaltenhäuser